Armures légères
Dans les profondeurs de Fort-Profondeur, chaque pas dans les ténèbres peut être le dernier. Les survivants le savent : il ne suffit pas de savoir viser, encore faut-il rester en vie assez longtemps pour tirer. Les armures lourdes sont rares, précieuses, souvent réservées aux machines ou aux privilégiés de l’armée. Pour tous les autres, il reste les armures légères.
Des vestes en tissu renforcé par des coutures grossières, des capuches en cuir patiné, des bottes rafistolées avec des sangles de sacs militaires… Chaque pièce est un témoignage de débrouille, de récupération, parfois de mémoire. Le cuir renforcé est arraché aux bêtes du dehors ou tanné dans les ateliers crasseux de la Zone B. Le kevlar, lui, se marchande au prix du sang, extrait des cadavres des anciens soldats ou volé sur les champs de guerre irradiés.
Les vieux disent que ce n’est pas l’armure qui protège, mais celui qui la porte. Les jeunes, eux, se contentent de serrer leurs sangles et de prier que ce foutu pantalon tienne un tir de mitraille.
Dans l’obscurité, chaque point de protection compte. Chaque déchirure est un avertissement. Et quand les hurlements des Écorcheurs résonnent dans les tunnels, même une veste en tissu trop fine peut être la différence entre une échappée et un déchirement.